« Jay reviens ici tout de suite, ou je te promets que la prochaine fois que tu me croise, tu ne te reconnaîtras pas dans le miroir. » Isaac était dans la salle de bain, de la mousse partout sur le visage, les cheveux et le corps.  Nous étions un samedi matin, et je m’étais introduit dans la salle de bain, pendant que mon grand frère, Isaac, prenait sa douche. J’adorais me faufilé dans une pièce et faire une blague à mon frère, pendant qu’il était occupé. J’avais 19 ans, lui 21 et nous passions notre vie ensemble, comme l’aurait fait des jumeaux. J’aimais être avec lui tout comme lui aimait être avec moi, nous avions besoin l’un de l’autre, besoin d’être ensemble. C’est donc tout naturellement que pendant qu’Isaac se douchait, j’étais entré dans la salle de bain et que j’avais volé sa serviette de bain et ses vêtements, ne laissant dans la pièce que sa paire de chaussettes. Lorsqu’il s’en était rendu compte, encore tout pleins de mousse il m’avait menacé, tout en essayant de retirer la mousse qui lui piquait les yeux. J’entrais alors dans la salle de bain, les mains dans les poches, mon air de petit ange sur le visage. « Qu’est-ce qu’il y a encore grand frère chéri ? Tu sais très bien que je n’ai rien fait, je suis un ange. » Je souriais, employant mon sourire le plus narquois possible. Il savait pertinemment que c’était moi mais ne pouvais rien y faire, c’était ça le plus drôle. « Écoutes moi bien le rigolo, tu vas vite te dépêcher de me rapporter mes vêtements et ma serviette avant que je t’enfonce ton sourire d’ange bien profond dans le c*l. ». Son visage arborait son sourire le plus fière, il était fière de sa blague et moi j’en riais aussi. Nous étions des frères, des confidents, et surtout, les meilleurs amis du monde. Deux jours plus tard, c’était mon anniversaire, mon vingtième anniversaire. Pour ce jour, Isaac m’avait offert une chose que je quitterais plus jamais : un pendentif, un I et J entrelacé, Isaac et Jayden contre le reste du monde, et ce pour toujours, quoi qu’il advienne..


« .. et la du coup le mec lui répond : Ah non madame désolé, pour moi ce sera sans .. Ahahahahahahaha elle est bonne hein ? » Jo venait encore une fois de casser l’ambiance de la soirée avec une de ses blagues. Pour ça il était le roi. Jo était le « rigolo » de la bande, toujours le mot pour rire, une petite blague, drôle ou pas, mais toujours pleins de joie, d’humour et de connerie. C’est pour ça qu’on l’aimait dans la bande, et c’est aussi pour ça qu’on lui disait de se la fermer. « Elle est à chier ta blague Jo’, en plus, c’est la troisième fois que tu nous la raconte, tu radotes papy. » J’avais dit ça sur un ton taquin, et en échange, j’avais reçu une olive noir en pleine face. « Bien visé pour un Papy. » Notre bande, c’était plus que sept potes qui traînaient ensemble, on était une famille, toujours là les uns pour les autres, toujours unis dans les bons comme dans les mauvais moments. Il y’avait Jo, le rigolo, Isaac, le mec cool, Jade, le pote, Sarah la fille qui se prend pas la tête, Jenny, mon ex, la sulfureuse et enfin Rose, ma meilleure amie, la petite dernière, quant à moi, je suis Jayden, le protecteur un peu fêtard. Nous étions et nous sommes toujours les meilleurs amis du monde, surtout ces derniers temps, nous nous sommes serrés les coudes, lorsque Isaac s’est engagé à l’armée et qu’il est partit, nous laissant comme des gamins sans repère. Et un jour l’armée nous à appelé. Il avait disparu et était considéré comme mort … Nous étions comme les 5 doigts de la mains, les 5 doigts de la mains amputé d’un ..


« Allez Jay s’il te plait .. promis après je te demande plus, mais s’il te plait, une dernière fois … » Jenny me regardait avec  son regard de petit chien battu, elle était tellement mignonne quand elle faisait ça que je ne pouvais rien lui refuser. J’acceptais donc, cédant à sa demande. Je me levais de la chaise sur laquelle j’étais assis, confortablement installé devant mon ordinateur, et allais m’assoir sur Jenny, à califourchon sur son postérieur. Elle m’avait demandé de lui masser le dos, chose que j’avouais n’avoir pas vraiment besoin de me faire supplier pour le faire. Je  glissais donc mes mains sous son t-shirt, lui procurant un doux frisson. Je laissais mes mains délicatement frôler et caresser sa peau, me baissant de temps en temps pour embrasser doucement le bas de son dos. Au bout de quelques minutes, Jenny se retourna, un grand sourire aux lèvres. Elle était magnifique, et j’étais fière qu’elle soit ma petite copine. « T’es belle Jen’. Mais ça n’empêche que tu voulais un massage du DOS, alors tu te retournes. » J’usais d’un peu de force pour la retourner, mais elle avait apparemment une autre idée en tête, puisqu’elle se retourna à nouveau, tout en m’attirant contre elle. Tandis que l’on s’embrassait, je pensais à quelle point j’avais de la chance de l’avoir, et le reste de l’après-midi, fut plus que magique. Mais plus les semaines passèrent, les mois même et plus notre relation se dégradait.  Nous nous disputions très souvent. Elle me reprochait de devenir trop distant, préférant passer du temps avec les autres qu’avec elle. Et puis Jenny elle devenait ultra jalouse, faisant souvent des crises pour rien. Elle avait aussi se besoin de tout changer, jusqu’à même changé la place de mes caleçons dans le tiroir de ma commode. A force de se déchirer, on a préférés se séparer dans un accord commun. Aujourd’hui, nous sommes les meilleurs amis du monde et on s’entend beaucoup mieux que lorsque nous étions ensemble.


« Oui allo Jade ? C’est moi, Jay. Il faut que je te parle. Retrouve-moi au Port immédiatement. » Je raccrochais. Lorsque je lui avais parlé, ma gorge s’était nouée et ma voix paraissait dure, triste et froide. Je savais que Jade comprendrait que quelque chose n’allait et qu’elle ne m’en voudrait pas de ne pas m’avoir laissé parler et de lui avoir raccroché au nez. Dix minutes après, ce sont les yeux rouges et le cœur serré que j’aperçu Jade sur la jeté du port. Elle était toujours aussi belle, souriante, mais j’avais bien peur que le sourire qui arborait son visage, lui donnant l’air d’être un ange, ne disparaisse dans des cris et des larmes. « Jay, qu’est ce qui se passe, t’avais l’air bizarre au téléphone et .. tu as pleuré ? Tu me fais peur là, qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Je pris une profonde inspiration, rassemblant mon courage à deux mains pour que les bons mots puissent sortir sans faire l’effet d’une bombe. Malheureusement, les seuls mots que je réussis à sortir furent : « Isaac est mort » Le regard de Jade s’assombrit tout à coup, elle me dévisagea quelque instant, attendant que j’en dise plus, ou plutôt que je lui dise que c’était une blague, auquel cas, elle m’aurait asséné d’un coup de poing dans le bras, me disant que j’étais un vrai idiot, qu’il ne fallait pas rire avec ses choses-là. Mais rien de tout ça ne se passa et nous restâmes dans un silence de mort à nous regarder, à regarder les larmes de l’autre couler de long des joues. Au bout de quelques instant, je réussi enfin à ouvrir la bouche, elle était la petite amie d’Isaac, elle avait le droit à des explications tout de même. « Le sergent-chef de son régiment nous a appelé il y’a une heure. Il nous a annoncé que lors d’une mission sur les terres rebelles, il s’est fait kidnapper et qu’à l’heure qu’il est, il est sûrement déjà mort. » Je n’arrivais même pas à croire ce que je venais de dire. Isaac, mon frère, ma moitié, mon meilleur ami était mort. Je me sentais vide, autant que Jade pouvait l’être. Puis tout à coup, elle craqua, elle se mit à pleurer comme jamais, j'entendis : « Non, non c'est impossible, non non non non non » Je m’approchai d’elle et tandis qu’elle me regardait, pleurant toujours aussi fort, je la pris dans mes bras, la serrant fort pour qu’elle sache que désormais elle ne serait pas seule pour traverser ça, la bande le serait, mais moi aussi, n’importe quand, jour et nuit je serais à ses côtés. « Je suis désolé. On va se battre ensemble Jade, je suis là, je serais toujours là pour toi, calme toi » J’avais dit ça en pleurant également. Lui caressant les cheveux, la gardant sous mon étreinte, je regardais les nuages arriver dans le ciel, signe d’un prochain orage.
Les mois passèrent et la relation entre Jade et moi devint .. particulière. On s’était tellement rapproché depuis la mort de mon frère. On passait certains soirs que tous les deux, dans sa chambre, à regarder des films en mangeant des chips et de la nourriture grasse. Très souvent le soir, quand je finissais mon internat, je l’appelais, pour savoir si elle avait passé une bonne journée. Je savais ce qu’il pouvait arriver si on continuait à avoir une relation si forte à la longue, mais j’en avais tellement besoin. Alors lorsque j’étais avec elle, j’essayai s d’ignorer ce qu’il se passait en moi, le rythme de mon cœur s’accélérant, mes mains devenir moites, les petits papillons dans le ventre. Mais malgré tout je savais que je m’approchais de l’interdit. Je ne pouvais pas tomber amoureux de l’ex petite amie de mon frère. Et pourtant .. ces choses-là, ne se contrôle pas.