Le surf. Il n'y avait que ça de vrai dans ma vie. C'était l'une des seules choses qui me faisait vibrer vraiment. Je veux dire par là, c'est la seule qui me fait sentir si vivante, si libre. Enfin libre. Bridée par ma famille qui voulait m'imposer une vie toute tracée, j'avais réussi à prendre mon envol par mes propres moyens, à leur tenir pour devenir moi même. Riley, la rebelle, l'insoumise, la fêtarde, la blonde, la souriante, l'insupportable... J'avais réussi à faire ressortir les milles et une facette de ma personnalité, sans plus jamais tomber dans la cage dorée qu'avait construit mes parents dès ma naissance. Je pouvais enfin respirer mon air, avoir ma vie. Je m'étais battu pour cela et d'après mes amis, il me restait quelques séquelles de cette époque. Mon coté fêtarde, l'abus d'alcool, la tendance à coucher à droite à gauche, mais aussi la violence, la franchise, l'impulsivité... Que voulez vous. Les épreuves de la vie m'avait endurcie et forgée mon caractère, ce n'était sûrement pas aujourd'hui que j'allais changer !

J'étais à la plage en ce moment. Mon boulot de maitre nageur sauveteur m'obligeait à passer mon temps ici ou à la piscine municipale. Autant dire que je préférai largement le sable fin et la mer turquoise à l'eau chloré. Vêtue de mon maillot de bain, j'étais pour le moment au poste de surveillance à observer les alentours. La plage était l'endroit rêver pour tous, mais c'était aussi un lieu dangereux, surtout pour les imprudents et les enfants en général. Il fallait toujours être aux aguets pour ne rien manquer et agir au plus vite.
D'ailleurs si mes yeux ne me trompaient pas, c'était un père qui accompagnait cette fois un petit garçon à la chevelure blonde jusqu'à moi. A son visage inquiet, et aux brûlures apparentas sur les jambes de son fils, je compris que les méduses avaient frappés rien de grave en soi. J’accueillais notre nouveau blessé avec un sourire encourageant avant d'écouter son père débiter un tas de paroles emplies d'inquiétude. « Ce ne sont que des piqûres de méduses Monsieur on peut s'en charger ici, pas besoin d'aller à l'hopitâl. » Les parents prenaient beaucoup trop les choses aux sérieux quand cela concernait leur enfant. « Non mais vous n'êtes pas qualifier je vais plutôt aller à l'hopital. » « Je vous dis que c'est inutiles, il a ce qu'il faut ici, les urgences ont bien d'autres choses à traiter que de banales piqûres de méduses ! ». Je commençais à m'énerver ce qui était mauvais signe et le bonhomme eut le malheur d'en rajouter une couche. Inspirant profondément pour pas lui en coller une directement, j’aperçus alors Jayden. MIRACLE !

Je plantais le garçon en larme et son père pour fondre sur le beau brun et l'attraper par le bras. « Jayden, faut que tu me sauves la vie là, j'ai un père méga inquiet sur le dos et il me lâche pas. Tu veux pas faire le coup du super interne en médecine qui sauve tout le monde ? », l'abordais je directement sans même un bonjour. « Il me croit incompétente en ce qui concerne les piqûres de méduses, et veux conduire le gosse à l'hosto pour ça. C'est un malade. Tu m'aides ? » terminais je avec un sourire éclatant, avant de l'entrainer vers le poste de sauvetage sans même attendre sa réponse.
Une fois de retour vers la petite famille je repris « Monsieur, je vous présente Jayden, interne en médecine, vous le trouverez certainement plus compétent que moi n'est ce pas ? ». Ma voix était cinglante, mais j'avais pas pu m'en empêcher. Pour qui il se prenait merde. Je connaissais mon boulot. Je vous jure... Il y avait vraiment des cas sociaux sur Terre !

Les parents ultra protecteurs ça me gave très vite. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut être parce qu'ils couvent trop leur gosse, ou peut être simplement parce qu'ils sont des parents. Allez savoir. De toute façon c'était pas la question là. Là j'essayais de sortir de ce merdier et je comptais grandement sur Jayden pour m'aider dans cette tâche puisque Monsieur le Papa poule semblait croire qu'en tant que Maitre nageur je n'étais pas capable d'aider son fils. Il avait certain du oublier que dans mon titre se trouve aussi le mot sauveteur, ce qui veut dire que je suis un minimum compétente en médecine, j'aurai même pu obtenir le titre de spécialiste en piqûre de méduse, mais ça il ne voulait pas l'entendre. Non il voulait absolument conduire son fils aux urgences ce qui ne ferait qu’accroître la charge de travail des infirmières et médecins qui n'en avait certainement pas besoin. Ayant aperçut Jayden, je m'étais alors précipitée vers lui et c'était sans vraiment lui avoir laissé le choix que je l'avais entraîne vers le post de secours.

Fort heureusement pour Jayden était un véritable amour et il joua le jeu, même si visiblement je l'avais mis quelque peu mal à l'aise en le présentant si brusquement. Oui je l'avoue, je n'étais pas douée pour ce genre de situation encore moins pour conserver mon sang froid ou pour fermer ma bouche. J'étais comme ça. Et c'était une chance que l'interne en médecine soit passé par là, sans quoi, j'aurai envoyé chié ce bon monsieur avec toute la fougue et l'entrain qui me caractérisait. «Bonjour Monsieur. Je suis Jayden Callaigh, interne en médecine à l'hopital de Bromme. Puis-je regarder la jambe de votre fils ? ». Putain c'était dingue comme le simple titre d'interne venait de faire son petit effet. Tout d'un coup l'homme acceptait que son fils soit ausculté et il ne bronchait pas alors que techniquement Jayden n'était pas encore un médecin. C'était hallucinant. Je levais les yeux au ciel, me mordant la lèvre inférieure pour me taire et éviter de faire des histoires, même si c'était particulièrement difficile. Je me mis alors à taper mon pied nu contre le bois, pour tenter de me calmer sans succès. «En effet, il s'agit d'une piqûre de méduse, rien de très grave qui nécessite d’emmener votre fils à l'hôpital. Rentrez chez vous, appliqué lui de la farine sur la piqûre, frotté avec un carton rigide et nettoyez le tout à l'eau chaude. Donner lui un antalgique type paracétamol pour la douleur et demain les rougeur devrait avoir diminué ». L'homme s'empressa d’acquiescer avant de disparaître en remerciant Jayden et en m'ignorant royalement. Les gens étaient sacrément impolis parfois c'était hallucinant !

C'est bouche bée que je me retournais vers le jeune homme qui lui était tout souriant visiblement ravie d'avoir pu étaler sa science et d'être venu en aide à cette famille. « Non mais t'as vu ça un peu ? C'est dingue quoi ! Je suis maitre nageur sauveteur et sous prétexte que je suis une grande blonde à la poitrine généreuse, je serai pas capable de soigner une simple piqûre de méduse ?! » explosais je enfin devant tant de stupidité. C'était fou ce que les personnes jugeaient sur le physique alors qu'il ne connaissait rien de moi. RIEN. J'étais loin d'être stupide et potiche. Oh oui très très loin. Moi j'étais la rebelle du coin et c'était sûrement pour coller à cette réputation que je râlais dès qu'un truc me plaisait pas. « Enfin merci, c'est cool de m'avoir aidé ! »repris je en souriant, « T'es en repos aujourd'hui ? Je t'offre un truc à boire ? Pas d'alcool pendant le service mais on cache du Coca dans le frigo hé ouais ! » poursuivais amusée. Je rentrais me mettre à l'abri du soleil dans le poste de secours, après tout je pouvais bien m'accorder une petite pause, j'avais d'autres collègues qui pourraient veiller à ce que les habitants de Broome ne se noient pas. « Ca va toi sinon ? »