(jenny) we used to be friends.

∞ we used to be friends.

Être parent, c’est encore nouveau pour moi. Surtout être parent d’une gamine de vingt ans, alors que j’en ai vingt-sept. Signer des papiers pour dire que Jynn exerce bien le métier de mannequin, ce qui explique ses absences fréquentes à la fac, ça ne devrait pas être mon rôle. Pourtant, ce jour-là, c’est un tournant dans ma vie. J’arpente les rues du quartier de Northeast où se trouve la fac, main dans les poches. Je suis de repos et je ne sais pas vraiment quoi faire : je n’ai plus l’habitude de ne rien faire. Mes pas me guident sans que je m’en rende vraiment compte vers un immeuble que je ne connais que trop bien, et trop peu à la fois. L’appartement de Jenny s’y trouve. Je me rends soudain compte à quel point cette fille magnifique me manque. Jenny, meilleure amie de Jade et ancienne amie, avec qui je me suis disputé pour un détail trop futile à mon goût. Je continue ma route mais finis par m’arrêter et me retourner. Et si j’allais lui rendre visite ? Le cœur battant à tout rompre, je pousse la porte de l’immeuble et monte les marches. « Courage Ezra, t’es un homme ou quoi ? » je demande tout haut, alors qu’une petite vieille m’observe avec curiosité, son caniche dans les bras. Pourtant ma main reste en suspension en l’air. Je ne sais pas si j’ai tellement envie que ça de la voir ; faux : j’en meurs d’envie. Mais c’est sa réaction qui me fout la trouille. Je finis malgré tout par frapper quelques coups, avant d’appuyer mon bras contre le mur. Ça a l’air d’une pose de séduction, mais en fait je me sens juste mal. J’ai l’impression d’être un gosse qui va faire une grosse bêtise, c’est assez dérangeant. Au moment où je suis prêt à m’en aller, la porte s’ouvre et je tente, en vain, de sourire. « Jenny. Salut … » Ma voix est douce, mon ton aussi. Miracle. Mais après, ça se corse. « Je passais dans le coin et je … Enfin, je me demandais comment tu allais depuis le temps. Mais je vois que tu vas bien, alors je vais y aller … » Je fais un bref signe de la main et recule de quelques pas, manque de tomber dans les escaliers et me rattrape de justesse à la rampe. Je tente de garder mon sang-froid, mais ce n’est pas facile. Elle doit remarquer que j’ai failli me décomposer. « En fait, je suis venu pour parler. Je crois que ça a assez duré, non ? » Je croise les bras, retrouvant un sérieux certain. Je l’observe avec attention, espérant de tout cœur qu’elle va accepter. Il ne peut pas en être autrement. C’est déjà incroyable que j’ai pu faire le premier pas : si elle me repousse, je ne m’en remettrai pas. Cette fille me manque véritablement. Avant, Jade, Jenny et moi, on faisait beaucoup de choses ensemble. Mais depuis que Jenny et moi ne nous parlons plus, les jours passent et se ressemblent tous. Elle est une partie de moi depuis trop longtemps oubliée. Le simple fait de voir ses yeux fait battre ce coin de mon cœur qui avait cessé de fonctionner en la perdant. Je souris brièvement et déclare calmement, légèrement amusé : « J’ai repensé au jour où on s’est disputé et … Je pense qu’on était juste trop fiers pour accepter les critiques. Mais on a grandi depuis, non ? » Je ne me souviens même plus quand nous nous sommes parlé pour la dernière fois, ça fait trop longtemps.

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Sans changement, je ne suis rien. Au final, le fait que je change toujours tout ne fait-il pas un peu mon charme ?! Voilà qui explique sans doute pourquoi je venait d'entreprendre de changer la disposition de mon salon. Après tout, avoir le soleil dans les yeux pour regarder la télévision n'était pas très agréable. C'était habituel chez moi. Et d'ailleurs, il y a quelques jours, j'avais trié toutes mes paires de chaussures autrement : par couleur plutôt que par style. Il fallait y voir un avantage certain, en faisant cela, je triais régulièrement mes affaires et tout ce qui ne me servait plus ne traînait plus dans mes pattes inutilement. Au moment même où je réfléchissais à l'endroit où serait le mieux mon poste de télé, j'entendis frapper à la porte. Ce devait être Jade ou même Rose-Alys donc, je ne me pressais pas, je passai une nouvelle fois mon salon en revue avant de me diriger vers la porte d'entrée. Ce fut un sacré choc quand je vis juste en face de moi Ezra, un ami avec lequel j'ai eu une dispute assez puérile. Une chose est sûre, cette dispute avait sérieusement entaché notre amitié et nous ne nous étions plus parlé depuis une éternité.

Je ne savais que dire. J'étais complètement désemparée, je perdais complètement mes moyens. Il était mal à l'aise, lui aussi. Normal, on ne s'était plus parler depuis ... Je ne sais même plus à quand remonte la dispute que nous avions eu. Il venait de trébucher et ce fut comme un déclic pour moi. Je recommençais à bouger, je n'étais plus figée sur le pas de ma porte et avant que je n'ai eu le temps de faire quoi que ce soit, il s'est retourné pour me donner la vraie raison de sa visite. Je dois avouer qu'il me manquait terriblement. Même si par moment j'avais du mal à le supporter, il était un peu le pilier stable dans ma vie et cela ne pouvait pas me faire de tort. « Oui, tu as raison, il faut qu'on arrête, ça ne peut plus continuer comme ça ! » Il avait eu le cran de faire le premier pas vers moi alors que moi, je ne l'avais pas eu. Plusieurs fois, j'avais renoncer alors que je me trouvais devant sa porte, de peur qu'il ne refuse de me parler mais, il fallait croire que non. « Entre ! » Ma voix était moins assurée qu'habituellement mais, j'allais retrouver mon calme d'une minute à l'autre. « Oui, je pense qu'on peut passer l'éponge là-dessus, je ne sais même plus pourquoi on s'était disputer ! Ca ne devait sûrement pas être si important que ça ! » Je regardai alors mon salon complètement en chantier et c'est alors que le terme de notre dispute me revint en tête. Il était question de mon changement et du fait que lui, détestait ça. Du coup, nous avions été franc l'un envers l'autre, peut-être même de trop.

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Je ne sais pas si je suis davantage soulagé ou effrayé. Jenny est tellement coopérative que je crois bien que oui, ça m’effraie. Je m’attendais franchement à me heurter à un mur en arrivant là ; ce n’est pas du tout le cas. J’entre quand elle me le propose, timidement toutefois. « Ca me gêne de m’incruster comme ça, je ne resterai pas longtemps, promis. » J’observe la pièce qui, il faut l’avouer, est franchement en bazar. Mais alors que quelques temps plus tôt ça m’aurait offusqué, aujourd’hui ça me semble presque … Normal. Avec Jynn à la maison, j’ai l’habitude du bordel qu’elle laisse partout sur son passage. Cependant, c’est la femme de ménage qui nettoie et pas moi. Je m’approche du meuble un peu plus loin et prend une photo dans les mains que je regarde avec attention. « Moi je m’en souviens parfaitement : tu m’as traité de grand-père. Ça m’a vexé, hein ! Mais finalement, t’avais raison. Heureusement que Jynn est arrivée dans ma vie, sinon je marcherais certainement avec une canne à l’heure qu’il est. » Il suffit que les bonnes personnes entrent dans notre vie au bon moment j’aurais aimé rajouter, mais je suis certain qu’elle aurait mal compris mes propos et m’en aurait voulu. Je me retourne vers Jenny et souris en lui montrant la photo. « C’est moi qui l’ai prise celle-là, avec Jade. Ça me manque un peu nos sorties à trois. » Nous avons chacun notre bande d’amis, mais ça ne nous empêchait pas de nous voir tous les trois, parfois. Vraiment, c’est un vide terrible dans ma vie. Je me permets de m’asseoir sur le canapé et je prends un oreiller que je serre contre mon ventre, insensible aux divers objets un peu partout autour de moi. Elle a intérêt à remarquer que je me suis calmé, sinon … Je rigole un peu et continue : « Tu te souviens de la fois où on est allés au parc d’attraction pour faire comme les ados ? On est restés bloqués dans la grand roue, tout en haut, et j’ai totalement paniqué alors que tu étais morte de rire. J’en fais encore des cauchemars. » Je relève les yeux vers elle et croise son regard. « Tout ça pour dire que j’en ai marre d’être loin de toi pour des conneries. Parce que même si on n’arrive pas à en rire ensemble à l’instant même où ça arrive, on pourra toujours en rire après. Tu me manques. » Wahou. Alors là, je ne me croyais pas capable de dire de telles choses. Comme quoi les retrouvailles inspirent les hommes ! Je secoue légèrement la tête et ris, avant de reporter mon attention sur l’oreiller que j’ai entre les bras, les joues légèrement rosies.

ps : je suis désolée c'est hyper court mais je suis sur tablette et j'ai vraiment du mal. si tu veux que je rajoute des choses, je le ferai dès que j'ai un ordi sous la main. (jenny) we used to be friends. 1535041645

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J'étais un peu honteuse de montrer mon chez moi dans un état aussi désastreux. Il fallait bien dire qu'en bougeant tout mon salon, j'avais mis un de ces bazar ! Mais, il semblait ne pas trop y prêter attention donc, je ne m'expliquai pas à ce sujet. Les termes de notre dispute étaient encore marqués dans son esprit tandis que moi, je ne m'acharnais généralement pas à regarder derrière moi. Le passé était loin derrière et cela ne servait à rien de ressasser tout cela. Je m'en souviens vaguement, je me souviens lui avoir clairement dit que c'était un grand-père et lui m'avait alors critiquée à propos de mon changement. Aujourd'hui, cette dispute était bien loin derrière nous, à présent, il fallait passer l'éponge ! Je m'assis alors dans le canapé en le regardant prendre une photo sur un de mes meubles. Je l'avais mise dans un cadre parce que Jade était ma meilleure amie. Certes, je ne regardais pas après le passé mais j'aimais toujours voir ces photos pour me souvenir des bons moments. « Tu sais ?! Toi aussi tu avais raison à propos de moi. Je change trop de choses autours de moi. Un exemple : rien que cette semaine, j'ai réussi à changer pleins de choses dans mon appartement alors que ça n'en valait pas trop la peine. »

Les souvenirs, la grand-roue. C'étaient clairement de bons moments et ces derniers me manquaient. « Oh oui, je m'en souviens ! Tu aurais du voir ta tête ce jour-là, c'était vraiment mémorable ! » Je rigolai alors avant d'échapper un soupire. Pourquoi l'avais-je traité de grand-père alors qu'avant de revenir à Broome, j'agissais comme lui. C'est finis, je ne pouvais plus lui en vouloir de toute manière. Ses paroles me transpercèrent alors et je ne savais que lui répondre. « Je ... Toi aussi tu me manques, Ezra. » Généralement, je prends mes décisions sur le moment et il faut être convainquant pour que je réponde un oui directement. Fallait-il croire qu'il s'était montré convainquant ?! « Alors, comme ça ta nièce est venue habiter chez toi ? »

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Le fait que je lui manque m’arrache un sourire et je passe brièvement ma main sur ses cheveux blonds, en signe d’affection. Je suis heureux de voir qu’elle ne me repousse pas. Qu’elle rit même, à ce que je lui dis. Quand elle se moque de la tête que j’ai faite en haut de la grande roue, je lui donne un petit coup de coussin et pousse une exclamation faussement vexée. Comme des enfants. Comme avant. Avant, quand la vie n’était qu’un enchaînement de petits plaisirs, de découvertes du monde et de bonheurs partagés. Je ne sais plus comment j’en suis arrivé là. Je ne sais plus à quel moment j’ai préféré choisir l’argent et la réussite plutôt que le bonheur, ce qui a gâché mon amitié avec les gens auxquels je tenais le plus. Elle me parle alors de Jynn et je me mords brièvement la lèvre, avant de passer ma main dans mes cheveux. « En fait, Jynn n’est pas ma nièce. Je n’ai pas de frères et sœurs. Nous n’avons pas de liens de sang du tout, c’est juste l’excuse que j’ai trouvé pour que les gens ne se posent pas trop de questions sur notre relation. Une jeune fille de vingt ans qui vit chez un homme de vingt-sept ans, ça peut être louche. » C’est un secret, mais je sais qu’elle le gardera. Je compte sur elle. Je ne tiens d’ailleurs pas à lui parler de cette étrange relation qui nous lie, Jynn et moi. Je ne suis pas sûr que quiconque comprendrait sans se faire de fausses idées. « Et toi ? j’enchaîne, tu partages cet appartement avec quelqu’un ? » Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres, je sais qu’aborder ce sujet avec une fille est souvent synonyme d’envie suicidaire. Parler à une fille de ses amours, c’est s’engouffrer dans un terrain glissant. Mais il fut un temps où Jenny et moi en parlions souvent. Pas devant Jade, qui souffrait de l’absence d’Isaac, mais nous en parlions. Je m’accoude et la regarde avec un sourire plus doux que quelques secondes auparavant. Le bonheur de la retrouver n’est pas descriptible, j’ai l’impression d’avoir gaspillé des mois de ma vie. « Tu fais quelque chose ce soir ? Tu pourrais passer manger à la maison. Faudra juste que je fasse en sorte de jarter Jynn, sinon c’est elle qui te jartera. Ou alors on pourra manger dehors, si tu préfères. » Je ne lui propose pas d’inviter Jade, elle sait que ça ne me gênera absolument pas si elle le fait sans me demander. « Au fait … » Je fouille dans la poche intérieure de ma veste et tend vers elle un petit bracelet fin en or. « Est-ce que c’est à toi ? Je l’ai retrouvé chez moi il y a un moment, je l’ai perdu et je l’ai retrouvé. Je comptais demander à Jade si il était à toi, mais maintenant que je suis là … » Je ne me souviens plus qui m’a parlé d’un bracelet. Est-ce elle, ou bien Emily ? Je détourne lentement les yeux de son visage, observant davantage le coin du plafond en face de moi qui me semble soudain très intéressant. J’ai beau être heureux de la retrouver, soulagé … Je reste gêné. Comme si quelque chose était brisé entre nous définitivement, à moins que l’on ne recommence à zéro. Je ne sais pas, je n’en sais rien.

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