ft Isis Starks & Coleen Selwyn

La matinée avait été extrême longue, la tête encore ensommeillé, j'avais tenté de cacher mes cernes naissantes avec du maquillage, pas que j'avais fait la fête hier soir, bien au contraire. En compagnie de mes deux meilleurs amis nous avions veillé devant un stupide film, nous moquant du jeu d'acteur et il fallait bien l'avouer du physique peu avantageux de toutes ces cruches. Mes études oblige, j'avais dû ainsi me lever pour suivre les cours, comptant minute par minute le temps qui me séparait encore avant la pause déjeuner. Et chaque heure qui s'écoulait me rapprochais alors de ma seule envie : fumer. Lorsque cette fameuse pause arriva enfin, je me précipitais à l'extérieur, trop heureuse de pouvoir soulager ma frustration. Mes deux meilleurs amis étaient déjà assis sur l'un des bancs du parc, je me précipite vers eux, y balance mon sac et continu mon chemin. « - Je reviens ! »  Ils ne le savent que trop bien, c'est tous les jours la même scène qui se déroule devant nous. Eux mangeront pendant que je me ferais un, voir deux joins, parce que voilà, j'ai arrêté de bouffer à midi, ce que je dévore le matin me suffit largement, enfin c'est ce que je pense.

Clope en main, je m'adosse à un arbre proche d'un café, pour respirer à plein poumon cette merde, on nous a tous posé un jour, à nous fumeur cette question "Pourquoi tu fûmes ?" On ne sait pas toujours quoi répondre, une fois qu'on est passé dans ce côté obscur, il est impossible de sortir de ce cercle vicieux. Mais je ne crois pas qu'on puisse nous blâmer à vrai dire, on commence à cause d'une perte brutale, qu'on n'attendait pas, y a ce qui s'en sorte, qui reprenne leur vie en main, ils foncent dans leurs études, travaille pour ne plus penser, où s'investisse encore plus dans les relations humaines. Et puis y a ceux qui n'y arrivent pas, qui s'enfoncent jours après jours, qui pensent se sentir heureux avec une cigarette ou deux. Voir un paquet.
Enfaîte on fume pour oublier comment on en est arrivé à fumer.

On a beau dire qu'elle nous tue, je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Au son d'un craquement de branche je me retourne, une jeune femme qui doit avoir presque mon âge vient vers moi, je sais que c'est moi puisqu'elle me fixe, je n'évite pas son regard, elle va sûrement m'en demander une, les gens ont plus tendances à venir vers moi plutôt que les gros balaises. Je dois être plus présentable, je dois sûrement l'être encore plus aujourd'hui, c'est vrai qu'en partant ce matin j'avais l'impression de revenir pendant mon adolescence au temps où je faisais quelques photos. Il y avait bien longtemps que je n'étais pas monté sur un podium d'ailleurs. Je ne sais pas vraiment si cette période me manque, mais au moins j'avais l'impression de servir à quelques choses. « - Vous en voulez une ? »  Allez Coleen, on aborde un magnifique sourire hypocrite pour qu'elle se casse vite, à vrai dire, je ne sais même pas comment reconnaître un fumeur.

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