« Tu vas où Aaron ? » Je dévalais les escaliers, sur le point de quitter la maison.
« Chez Ophelia,! » Huit ans, et je savais déjà ce que je voulais : passer du temps avec ma meilleure amie. On était inséparable, beaucoup à l'école primaire disait qu'on était des amoureux, ce qui était faux. On s'adorait c'était tout. Ma mère soupira en me disant de filer. Tout heureux, je quittai la maison pour me rendre dans quelques rues voisines, ce chemin je le connaissais par cœur. Je frappais à la porte et sa mère m'ouvrit avec un grand sourire.
« Elle est dans le jardin avec Rose. » Rose c'était sa sœur. Sa petite sœur, je ne l'appréciais pas spécialement, elle pleurait pour un rien. Je courus en direction du jardin avant de sauter sur ma meilleure amie, qui tomba ventre à terre sur l'herbe. On ne pouvait pas dire que j'étais un tendre pour exprimer mon affection.
« Tu m'as fais mal Aaron ! » Je rigolais avant de l'embêter encore plus. Je ne savais pas ce que je deviendrais sans Ophelia,. C'était ma meilleure amie, pour toute la vie. Mon père me disait que ce serait bien que je traine avec des garçons, que je joue au football, que je me batte. Il ne comprenait pas pourquoi j'étais toujours avec Ophelia,.
« Mais il y a Charlie aussi. » Charlie c'était aussi mon meilleur ami, c'était mon voisin et on s'entendait très bien, mais c'était vrai que j'adorais rester avec Ophelia,.
« Il fait ce qu'il veut chéri. » Ma mère prenait toujours ma défense, et je fis un grand sourire. J'étais fils unique. J'étais son petit garçon, et mon père poussa un long soupir avant de continuer à dîner.
« C'est vrai que tu sors avec Rose ? » Charlie me regardait, les yeux qui sortaient des orbites. Je fermais mon casier après avoir pris quelques livres.
« Oui c'est vrai. » « Je pensais que tu aurais fini avec Ophelia,. » Je le regardais, me demandant s'il rigolait, mais pas du tout il était très sérieux. Oui, j'avouais que j'avais des sentiments pour ma meilleure amie mais quand je la vis aux bras de l'autre guignol, j'en conclus que je n'avais aucune chance. On commençait à marcher dans le couloir pour prendre la direction de nos salles de classe. On était au lycée, c'était la dernière année. Je sortais avec Rose depuis quelques semaines et elle s'était empressée de le dire à tout le monde sans que je sache pourquoi.
« Elle est avec l'autre. » « Tu es jaloux ? » Je n'avais pas répondu à la question et Charlie éclata de rire avant de me donner une grande claque dans le dos. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle. J'avais bien tenté à Ophelia, de lui dire que ce type le méritait pas, mais qui j'étais pour juger avec qui elle sortait ? Je sortais bien avec sa soeur cadette !
« Tu as prévu de faire quoi après le lycée ? » « Reporter, et toi ? » « Je vais m'engager. » Je m'arrêtais net dans le couloir en regardant mon meilleur ami.
« J'ai toujours voulu défendre mon pays. » J'eus un pincement au cœur, une boule au ventre mais je souris en lui disant que j'étais content pour lui, même si ce n'était pas vrai. Un an après avoir quitté le lycée, je me suis marié avec Rose. Ophelia, était toujours avec l'imbécile et je me disais que mes sentiments étaient bien à sens unique.
A la base cela ne devait être qu'un reportage. Je devais rentrer trois jours après. Cela faisait sept ans que j'étais marié à Rose. Pas d'enfant, rien. Je n'étais pas heureux à mon ménage, car j'avais beau essayé de ne pas y penser, Ophelia, ne cessait d'être dans mes pensées. L'Irak, quand on m'a envoyé en reportage là-bas dans un village, je n'ai pas bronché. J'ai pris mon équipement, un billet d'avion et je suis parti en disant que je reviendrai d'ici deux ou trois semaines. Tout se passait bien. J'étais près du régiment de Charlie et du coup c'était aussi l'occasion de voir mon meilleur ami. J'avais toujours eu peur pour lui mais quand j'avais pu le serrer dans mes bras, je m'étais dis que je m'étais fais du mouron pour rien. Sa femme était restée aux Etats-Unis et je pourrais lui dire en rentrant qu'il allait très bien, qu'il avait juste un peu maigri. J'étais tranquillement en train de me promener dans les rues de la petite ville en pierre, marchant, mon appareil photo en main, j'étais bien décidé à faire quelques derniers clichés. J'avais entendu les avions passés au-dessus, des attaques, mais je pensais que c'était beaucoup plus loin. Je marchais, entendit un bruit énorme, sentit un choc, une furieuse douleur et puis le visage de Ophelia, avant de sombrer dans l'obscurité la plus totale. Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça. Je ne sais pas comment on m'a retrouvé. Toujours est-il que quand je me suis réveillé, j'étais dans le flou le plus total. On m'avait rapatrié aux Etats-Unis. Je voyais flou mais je sentis une étreinte et des larmes qui coulaient sur ma peau.
« J'ai eu si peur Aaron ! » C'était Ophelia,. Je ne comprenais pas. J'étais perdu. Une douleur m'arracha une grimace. « Il faut que vous évitiez de bouger. » Un médecin était là. Je ne le regardais, voyant de plus en plus net. Je passais une main dans les cheveux de Ophelia, comme pour la rassurer.
« Vous avez reçu un éclat d'obus dans la jambe, on vous a retrouvé le lendemain sous des décombres, vous vous vidiez de votre sang et je ne sais comment vous avez pu survivre à une attaque pareille. La plupart des soldats du régiment sont morts. » Une boule vint se loger dans ma gorge. Charlie ? Charlie ! Mes parents étaient là aussi, et ma mère pleurait. Sans doute avait elle compris ma question à travers les yeux car elle fit un signe de tête négatif. J'avais mal. Encore plus mal que ma jambe. Rose n'était pas là. Je m'en moquais, il y avait Savannah c'était elle qui comptait à mes yeux, je le savais.
« C'est toi que je veux. » J'avais regardé Ophelia,. J'étais très sérieux. J'étais sorti de l'hôpital trois mois plus tôt après une rééducation difficile. Mon rédacteur en chef ne voulait pas me rendre mon badge de reporter arès ce qui s'était produit. J'avais beau le supplier, rien n'y faisait, j'avais juste le droit de rédiger des articles, et ne pas toucher mon appareil photo me manquait horriblement. Depuis ma sortie, je pensais sans cesse à ma meilleure amie, elle était venue plus souvent me voir que ma femme même. Avec Rose, l'ambiance devenait tendu, je me faisais plus froid, plus distant et elle consacrait tout son temps à son travail. On avait plus du tout de vie de couple. Un soir, j'avais frappé à la porte de Ophelia, avant de lui dire ces mots :
« C'est toi que je veux. » et de l'embrasser passionnément. Ce baiser j'y avais pensé depuis le lycée et je n'étais pas du tout déçu. Je l'aimais à en mourir. La preuve, avant de tomber dans le coma j'avais vu son visage et j'avais pensé à elle. Je n'avais pas vu le visage de Rosie. Elle ne m'avait pas repoussé et je la pris dans mes bras. Ce fut la première nuit qu'on passait ensemble. J'avais dormi chez elle, quand je suis rentré chez moi, Rose m'a juste demandé où j'étais passé. J'ai menti, prétextant du travail. Ce fut la première fois que j'ai menti, et ce ne fut pas la dernière car pendant plus d'un an et demi, je continuais à voir Ophelia,. Cette passion était dévorante, et je savais bien qu'un jour je devrais quitter ma femme, sa soeur cadette.
« Je suis enceinte. » Je ne m'y attendais pas et cela s'était vu sur mon visage. Cela faisait quelques semaines que je n'arrivais pas à contacter Ophelia, que je voulais la voir mais qu'elle disait toujours qu'elle avait affaire. A présent, les pièces du puzzle se remirent dans place dans ma tête et je comprenais.
« De combien de temps ? » « Trois mois. » Ca faisait déjà pas mal de temps. Je pris sa main dans la mienne, me voulant rassurant. Je n'avais pas encore quitté Rose, mais à présent je ne pouvais plus attendre. Ophelia, était enceinte de moi, j'allais être père et c'était bien sûr près d'elle que je voulais être.
« Ca va aller, je vais tout faire pour que ça aille bien. » Il ne valait mieux pas que je lui annonce que le matin même j'avais récupéré ma carte de presse en tant que reporter, elle m'en voudrait, ou plutôt elle dirait que je suis fou de vouloir retenter ce genre d'aventure.
« Je vais quitter Rose, ça va aller. » Je voyais qu'elle était paniquée, mais j'allais prendre mon rôle au sérieux, car j'étais bien le fautif dans toute cette histoire. On passait l'après-midi ensemble, tranquillement. Le soir en rentrant chez moi, j'étais bien décidé à quitter ma femme :
« Rose, il faut que je te parle. » « Ce n'est pas le bon moment Aaron, je suis débordée à la rédaction ! » Elle partie en coup de vent dans son bureau et je restais seul dans le salon. C'était il y a un mois et je n'avais toujours pas réussi à avoir une discussion avec elle, pourtant le temps pressait.